Yuki Nightray Spécialiste de l'Angleterre
Messages : 430 Points : 5234 Date d'inscription : 16/06/2011 Age : 27
| Sujet: Edgar Allan Poe Mer 28 Nov - 15:00 | |
| Edgar Allan Poe « Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis. » Edgar Allan Poe est un de mes auteurs favoris. C'est un auteur américain du XIX e siècle. Il est né le 19 janvier 1809 à Boston et est mort le 7 octobre 1849 à Baltimore. Il est aussi poète, éditeur, dramaturge, critique littéraire, ... Il est considéré comme étant l'inventeur du roman policier ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. La plupart de ses récit préfigurent les genres fantastique et sciences fiction. Orphelin, Edgar Allan Poe est recueillit par John et Frances Allan de Richemond. Il tente une carrière militaire mais sans grand succès. Il publie son premier recueille de poèmes anonymement intitulé Tamerlan et autres poèmes . En juillet 1835, il devient rédacteur-assistant au Southern Literary Messenger et commence à développer son propre style de critique littéraire. La même année il épouse sa cousine. En 1839, Poe écrit son premier recueille d'histoires Les Contes du Grotesque et de l’Arabesque . Il devient rédacteur dans plusieurs journaux d'années en années. Le 7 octobre 1849, Poe meurt à Boston à l'age de 40. On n'a pas sut pas les causes de sa mort mais il y a plusieurs hypothèses. On attribut sa mort à l'alcool, la drogue, le choléra, la rage ou encore à une maladie du cœur … L'influence de Poe à été et demeure importante aux États-Unis mais aussi en Europe notamment dans les domaines littéraires mais aussi musicaux et cinématographique mais aussi scientifiques. Bien qu'étant un auteur américain, il a été reconnu et défendu par des auteurs français comme Baudelaire ou Mallarmé. La critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du xixe siècle. © Yuki Nightray & Wikipédia Quelques unes de ces œuvres que j'ai lu et beaucoup apprécié. - Le Chat Noir. Nouvelle [en entier:
] Au récit le plus fou et pourtant le plus banal que je m’apprête à écrire, je n’attends ni ne demande nulle créance. Je serais fou de m’y attendre, dans une affaire où mes sens eux-mêmes réfutent leur propre témoignage. Pourtant, je ne suis pas fou et je ne rêve sûrement pas. Mais si demain je meurs, aujourd’hui je voudrais libérer mon âme de ce fardeau. Mon premier objectif est de présenter au monde, simplement, succintement, et sans commentaires, une série de simples événements domestiques. Dans leurs conséquences, ces événements m’ont terrifié, torturé, détruit. Je n’essaierai pourtant pas de les expliquer. Pour moi, ils n’ont été qu’horribles, pour beaucoup ils sembleront plus baroques qu’effrayants. Après, peut-être, il se trouvera des esprits qui réduiront mon fantasme à des choses ordinaires - des esprits plus calmes, plus logiques, et beaucoup moins excitables que le mien, qui percevront, dans les circonstances que je détaille avec effroi, rien de plus qu’une succession ordinaire de causes et d’effets très naturels. Depuis mon enfance, je me fis remarquer par ma docilité et l’humanité de mon caractère. La tendresse de mon coeur était même si manifeste qu’elle fut l’objet des railleries de mes camarades. J’étais particulièrement amoureux des animaux, et mes parents m’offrirent une grande variété d’animaux de compagnie. Je passais avec eux la plus grande partie de mn temps, et rien ne me procurait plus de bonheur que de les nourrir et de les caresser. Ce trait de mon caractère s’affirma avec l’âge, et dans ma vie d’homme, j’en tirai une de mes principales sources de plaisir. A ceux qui ont nourri une affection pour un chien fidèle et sagace, je n’ai nul besoin d’expliquer la nature ou l’intensité de la gratification que l’on peut en tirer. Il y a quelque chose dans l’amour désintéressé et auto-sacrificiel d’une bête, qui va directement au coeur de celui qui a eu fréquemment l’occasion de tester l’amitié mesquine et la fragile fidélité de l’Homme simple.
Je me mariai jeune, et fus heureux de trouver en ma femme un caractère qui n'était pas incompatible avec le mien. Remarquant mon penchant pour les animaux domestiques, elle ne manqua pas d’en acquérir certains des plus charmants. Nous eumes des oiseaux, des poissons rouges, des lapins, un petit singe, et un chat.
Ce dernier était un chat remarquablement grand et beau, tout noir, et intelligent au plus haut point. En parlant de son intelligence, ma femme, qui de coeur n’était pas peu supertitieuse, faisait souvent allusion à l’ancien dicton populaire, qui faisait de tous les chats noirs des sorciers déguisés. Elle ne prenait pas toujours cela au sértieux; je note ceci à la seule fin qu’on s’en souvienne.
Pluton, le chat s’appelait ainsi, était mon animal et mon compagnon de jeu préféré. Moi seul le nourissais, et il me suivait partout où j’allas dans la maison. C’est même avec difficulté que je l’empêchais de me suivre dans la rue. Notre amitié dura, de cette façon, durant plusieurs années, durant lesquelles mon tempérament général et mon caractère, qui furent les instruments du Démon de l’intempérance, avaient subi, je rougis de l’avouer, une altération radicale pour le pire. Je devins de jour en jour d’humeur plus changeante, plus irritable, plus indifférent aux sentiments des autres. Je souffris moi-même d’user d’un langage grossier envers ma femme. A la longue, j’usai même envers elle de violence physique. Mes animaux, bien sûr, se rendirent compte bientôt du changement de mon caractère. Je ne fis pas que les négliger mais les maltraitai également. Cependant, je gardai assez d’attention envers Pluton pour m’empêcher de le maltraiter, alors que je n’avais aucun scrupule à maltraiter les lapins, le singe, ou même le chien, quand par accident, ou par affection, ils croisaient mon chemin. Mais ma maladie prit possession de moi (y’a-t-il pire maladie que l’alcoolisme!) et à la longue, même Pluton, qui devenait vieux alors, ce qui le rendait un peu grincheux, même Pluton se mit à souffrir des effets de mon mauvais caractère. Une nuit, revenant chez moi, très soûl, de l’un de mes repaires en ville, j’imaginai que le chat évitait ma présence. Je l’attrapai, lorsque, effrayé poar ma violence, il m’infligea une légère blessure sur la main avec ses dents. La furie d’un démon s’empara aussitôt de moi. Je ne me contrôlai plus. Mon âme originelle sembla, tout d’un coup, s’envoler de mon corps; et une cruauté diabolique et imbibée de gin fit trembler chaque fibre de mon corps. Je sortis mon canif de la poche de mon gilet, le dépliai, me saisis de la pauvre bête par la gorge, et délibérément je lui arrachai un oeil de ses yeux de son orbite! Je rougis, je brûle, je frissonne, tandis que je relate cette condamnable atrocité.
Lorsque, au matin, je repris mes esprits - quand le sommeil eut chassé les vapeurs d’une nuit de débauche - je ressentis une sensation mêlée d’horreur, de remords pour le crime dont je m’étais rendu coupable; mais c’était, au mieux, un sentiument diffus et équivoque, et l’âme restait indemne. Je me replongeai dans l’excès, et noyai bientôt dans le vin tout souvenir de cet acte.
Pendant ce temps le chat guérissait lentement. L’orbite de son oeil perdu présentait, il est vrai, un aspect effrayant, mais il ne semblait plus en souffrir. Il revint à la maison comme d’habitude, mais, comme il fallait s’y attendre, il fuyait à ma vue avec une extrême terreur. Il restait assez de mon vieux coeur, pour me sentir d’abord affligé par l’évidente antipathie que me témoignait la créature qui m’avait autant aimé auparavant. Mais ce sentiment fit bientôt place à l’irritation. Puis vint, comme pour ma chute finale et irréversible, l’esprit de la PERVERSITE. De cet esprit la philosophie ne fait pas état. Pourtant je ne suis pas plus sûr du fait que mon âme vit, que du fait que la perversité est une des pulsions primitives du coeur humain, une des indivisibles facultés premières, ou sentiments premiers, qui orientent le caractère de l’Homme. Qui ne s’est pas trouvé, une centaine de fois, en train de commettre, une action vile ou stupide, pour nulle autre raison qu’il ne devrait pas pas la commettre? N’avons-nous pas une inclination perpétuelle, dans les fondements de notre propre jugement, à violer ce qui représente la Loi, justement parce que nous la reconnaissons être telle? Cet esprit de perversité, vous dis-je, causa ma chute finale. C’était cet insondable désir de l’âme à se contrarier elle-même, à faire violence à sa propre nature, à faire le mal pour l’amour du mal, qui me poussa à continuer et finalement a à achever la blessure que j’avais infligée à cette bête inoffensive. Un matin, de sang froid, je glissai une corde à son cou et de le pendre à la branche d’un arbre; je l’ai pendu parce que je savais qu’il m’avait aimé, et parce que je n’avais aucune raison de l’offenser; je l’ai pendu parce que je savais qu’en agissant ainsi, je commettais un péché, un péché mortel qui compromettrait mon âme immortelle à tel point que, si une telle chose était possible, qu’elle la mettrait hors d’atteinte de la pitié infinie du Dieu le plus miséricordieux et le plus terrible.
La nuit du jour où cet acte cruel fut commis, je fus sorti de mon sommeil par le cri du feu. Les rideaux de mon lit étaient en feu. La maison entière flambait. C’est avec grande difficulté que ma femme, un domestique, et moi-même, nous fûyames de la déflagration. La destruction était totale. Toutes mes richesses sur terre furent détruites, et je m’abandonnai tout entier au déésespoir. Je ne m’abaisse pas à chercher une relation de cause à effet, entre le désastre et l’atrocité. Mais je détaille un enchaînement de faits et ne souhaite pas omettre un possible lien. Je visitai les ruines. Les murs, à l’exception d’un seul, s’étaient écroulés. Cette exception consistait en une cloison, pas très épaisse, qui se tenait environ au milieu de la maison, et contre laquelle était appuyée la tête de mon lit. A cet endroit, le plâtre avait en grande mesure résisté à l’action du feu, un fait que j’attribuai au fait qu’il avait été appliqué récemment. Autour de ce mur une foule dense s’tait rassemblée, et beaucoup de personnes semblaient en examiner une portion particulière avec la plus fine et grande attention. Les mots « étrange! », « singulier! » et autres expressions similaires, excitèrent ma curiosité. Je m’approchai et vis, comme ce cela avait été gravé en bas relief sur la surface blanche, la sihouette d’un chat gigantesque. L’impression était rendue avec une précision vraiment extraordinaire. Il y avait une corde autour de l’animal.
Quand je vis cette apparition , car je ne pouvais pas la considérer autrement, mon émerveillement et ma terreur étaient extrêmes. Mais une mûre réflexion me vint en aide. Le chat, me souvins-je, avait été pendu dans un jardin adjacent à la maison. A l’alarme du feu, ce jardin avait aussitôt rempli par la foule; l’une des personnes avait dû détacher le chat de l’arbre et le jeter dans ma chambre, à travers une fenêtre ouverte. Ceci avait du être fait dans le but de me sortir de mon sommeil. La chute des autres murs avaient comprimé la victime de ma cruauté dans le plâtre fraîchement étalé; avec les flammes, la chaux et l’amoniac de la carcasse avaient alors accompli le portrait que je voyais.
Bien que j’ai volontiers eu recours à ma raison, si ce n’est à ma conscience, pour rendre compte de ces faits surprenants, ils n’en ont pas moins laissé une forte impression sur mon imagination. Pendant des mois je ne pus me débarasser de l’image du chat; et, durant cette période, un demi-sentiment me revint à l’esprit qui semblait être, mais n’en était pas, du remords. J’en vins au point de regretter la perte de l’animal, et de chercher autour de moi, parmi les lieux vils que je fréquentais alors habituellement, un autre animal de la même espèce, et plus ou moins de la même apparence, pour le remplacer.
Une nuit, tandis que j’étais assis, à moitié hébété, dans un antre plus qu’infâme, mon attention fut soudain attiré par un objet noir, reposant au sommet d’une de ces immenses barriques de Gin, ou de Rhum, qui constituaient le principal mobiler du lieu. Je regardais fixement le sommet de cette barrique depuis quelques minutes, et je fus surpris par le fait que je n’avais pas plus tôt aperçu l’objet qui se trouvait dessus. Je m’en approchai, et le touchai avec la main. C’était un chat noir, un très grand chat, largement aussi grand que Pluton, et lui ressemblant beaucoup excepté une chose. Pluton n’avait pas un poil blanc sur aucune partie de son corps; alors que ce chat avait une tache de blanc imprécise qui recouvrait presque toute sa poitrine.
Quand je le touchai, il se leva aussitôt, ronronna bruyamment, se frottant contre ma main, et eut l’air ravi de mon attention. Là se trouvait la créature que je recherchais. Je demandai tout de suite au propriétaire de l’acheter; mais celui-ci n’en demandait rien, il ne savait rien de lui et ne l’avait jamais vu.
Je continuai à le caresser et, quand je m’apprêtai à rentrer chez moi, l’animal manifesta l’envie de m’accompagner. Je lui permis de le faire et me baissais pour le caresser tout en avancant. Quand il arriva chez moi, il se laissa domestiquer tout de suite, et devin aussitôt un des animaux favoris de ma femme.
Pour ma part, je sentis bientôt naître en moi une aversion à son égard. Il se produisait exactement le contraire de ce que j’avais prévu; mais je ne sais pas coment ni pourquoi cela se produisait: son amour évident pour moi ne faisait que me dégoûter et m’ennuyer. Peu à peu, ces sentiments de dégoûts et d’ennui se transformèrent en une haine amère. J’évitais la créature; une certaine honte, ainsi que le souvenir de mon précédent acte de cruauté m’empêchèrent de me prendre à lui physiquement. pendant des semaines, je ne le frappai pas, ou en aucune sorte je ne l’agressai violemment; mais petit à petit, insensiblement, je me mis à ressentit pour lui un indicible mépris, et silencieusement, à fuir comme la peste son odieuse présence.
Ce qui ajoutait sans doute à ma haine de la bête, ce fut la découverte, alors que je rentrai chez moi un matin, qu’il lui manquait un oeil comme Pluton. Mais ce détail le rendait encore plus cher aux yeux de ma femme qui, comme je l’ai déjà dit, possédait, au plus haut ddegré, cette humanité de sentiment qui fut jadis mon trait distinctif, et la source de mes plaisirs les plus simples et les plus purs.
Mais, contrairement à mon aversion pour ce chat, son penchant pour moi sembla grandir. Il suivit chacun de mes pas avec une opiniâtreté qu’il serait difficile de faire comprendre au lecteur. Quand je m’asseyais, il s’allongeait sous ma chaise, ou me couvrant de ses infâmes caresses. Si je me levais pour marcher il se mettait entre mes jambes, me faisant presque tomber, ou, plantant ses longues griffes acérés dans mon habit, ils grimpait sur ma poitrine. Lors de ces moments-là, bien que j’avais envie de le détruire d’un coup, je me retenais de le faire, en partie à cause du souvenir de mon crime précédent, mais surtout, il faut que je vous l’avoue, par peur absolue de la bête.
Cette peur n’était pas tout à fait une peur du diable; pourtant je serais bien en peine de la définir autrement. J’ai presuqe honte d’avouer (oui, dans ma cellule de prisonnier, j’ai presque honte d’avouer) que la terreur et l’horreur que l’animal m’inspirait, était amplifiée par une des chimères les plus simples qu’il fût possible de concevoir. Ma femme avait attiré mon attention, plus d’une fois, sur la marque de poils blancs dont j’ai parlée, et qui constituait la seule différence visible entre l’étrange bête et celle que j’avais détruite. Le lecteur se rappellera que cette marque, bien que large, était à l’origine très imprécise; mais, lentement, presuqe imperceptiblement, et que ma Raison rejeta longtemps comme pure imagination, celle-ci prit, à la longue, un contour de plus en plus net et précis. A présent elle représentait un objet que je n’ose nommer; ceci, surtout, que je haïssais, que je craignais, ce monstre dont je me serais débarassé si j’avais osé, c’était maintenant, vous dis-je, l’image hideuse, horrible de la POTENCE! Oh, terrible et lugubre machine de l’Horreur et du Crime, de l’Agonie et de la Mort!
Et alors j’étais vraiment misérable parmi les plus misérables de l’Humanité! Et une bête, dont j’avais détruit avec mépris le compagnon, une bête était pour moi, un homme façonné à l’image de Dieu, était la cause de tant de malheur intolérable! Hélas! ni le jour, ni la nuit, ne connus-je plus la bénédiction du Repos! Durant le jour, la créture ne me laissa plus de répit et durant la nuit, je me mis, chaque heure, à partir de rêves de frayeur indicible, à sentir le souffle chaud de la chose sur mon visage, et son poids énorme; un Cauchemar incarné dont je n’avais nul pouvoir de me libérer, pesant éternellement sur mon coeur! Sous la pression de tels tourments, la faible part du bien en moi succomba. Des pensées infernales devinrent mes seules compagnes, les pensées les plus sombres et les plus diaboliques. Mon humeur habituellement changeante se transforma en haine de toutes choses et de l’humanité entière; tandis que, des soudains, fréquents et incontrôlables accès de furie auxquels je m’abandonnai aveuglément, ma femme, sans se plaindre, était la la plus fréquente et la plus patiente victime.
Un jour elle m’accompagna, pour une course domestique, dans la cave du vieux bâtiment que notre pauvreté nous obligeait à habiter. Le chat me suivit sur les marches raides et en me renversant presque, me rendit fou de colère. Soulevant une hache, et oubliant, dans ma colère, la peur puérile qui avait jusqu’ici retenu ma main, je portai un coup à l’animal qui, bien sûr, aurait été instantanément fatal s’il avait été porté comme prévu. Mais ce coup fut arrêté par la main de ma femme. Aiguillonné à cause de l’intrusion, dans une rage encore plus démoniaque, je retirai mon bras de sa prise et enfonçai la hâche dans son crâne. Elle tomba morte sur le sol, sur place, sans une plainte.
Ce meurtre hideux accompli, je me mis sur-le-champ, et avec une implication complète, à la tâche de cacher le corps. Je savais que je ne pouvais le sortir de la maison, de jour ou de nuit, sans prendre le risque d'être vu par les voisins. De nombreuses idées me passèrent par l'esprit. Un instant, je pensai à couper le cadavre en petits morceaux et à les détruire par le feu. L'instant d'après, je résolus de creuser une tombe dans le sol de la cave pour l'y enterrer. Puis, je pensai à le cacher dans le puits du jardin, à l'empaqueter dans une boîte, comme une marchandise, avec les dispositions habituelles, et de faire appel à un porteur pour le faire partir de la maison. Finalement je décidai d'un meilleur expédient que tout ceci. Je choisis de l'emmurer dans la cave, comme, raconte-t-on, les moines emmuraient leurs victimes.
Pour un tel objectif, la cave était bien adaptée. Ses murs étaient mal construits, et avaient été récemment plâtrés avec un plâtre de mauvaise qualité, que l'humidité de l'air avait empêché de durcir. De plus, il y avait une représentation dans un des murs, due à une fausse cheminée, ou un âtre, que l'on avait comblée et avait fait ressembler au reste de la cave. Je ne doutais pas de pouvoir la déplacer, d'y insérer le cadavre, et d'emmurer le tout comme avant, sans qu'un regard n'y puisse rien déceler de suspect.
En faisant ce calcul, je ne fus pas déçu. Au moyen d'un pied-de-biche, je délogeai facilement les briques et, ayant prudemment déposé le corps contre le mur intérieur, je le calai dans cette position, tandis que, sans grande peine, je remettai en place toute la structure telle qu'elle était au départ. Ayant ajouré du mortier, du sable, de la paille, avec toutes les précautions possibles, je préparai du plâtre de façon à ce que chaque poss ne puisse être distingué du précédent, et avec celui-ci je recouvrai soigneusement le nouveau mur de briques. Quand j'eus fini, je fus satisfait de ce bon travail. Le mur ne présentait pas la moindre trace d'avoir été disturbed. Les déchets par terre furent ramassés avec le plus grand soin. Je regardai autour de moi d'un air triomphant, et me dis à moi-même: "Ici au moins, mon travail n'a pas été en vain."
Ma prochaine tâche fut de rechercher la bête qui avait été la cause de tant d'infortune; car j'avais, finalement, fermement résolu de le mettre à mort. Si j'avais pu le rencontrer, à ce moment-là, son sort aurait été sans doute scellé; mais il apparaissait que cet animal rusé avait été alarmé par la violence de ma colère précédente, et redoutait d'affronter mon humeur actuelle. Il est impossible de décrire, ou d'imaginer, l'impression profonde d'extase qu'occasionnait dans mon poitrine l'absence de la créature détestée. Il n'apparut pas de la nuit, et ainsi, pour au moins une nuit, depuis son apparition dans la maison, je dormis sur mes deux oreilles et paisiblement; oui! je dormis avec le fardeau du meurtre sur la conscience!
Le second et le troisième jours passèrent, et mon toumenteur ne se montra pas. Je respirai à nouveau comme un homme libre. Le monstre, terrifié, avait quitté les lieux pour toujours! Je ne le verrais plus jamais! Mon bonheur était suprême! La culpabilité de mon acte monstrueux ne m'avait que peu perturbé. Quelques enquêtes avaient été menées, mais ces dernières avaient été aussitôt résolues. Une perquisition avait même été faite, mais bien sûr, rien n'avait été découvert. Je considérai ma future félicité comme une chose acquise.
Le quatrième jour après l'assassinat, un groupe de policiers se présenta, de façon très inattendue, dans la maison, et inspecta de nouveau les lieux avec une rigoureuse attention. Les officiers me demandèrent de les accompagner dans leur recherche. Ils ne laissèrent aucun coin ni recoin inexplorés. Finalement, ils descendirent à la cave pour la troisième ou quatrième fois. Je ne bougeai pas un muscle. Mon coeur battait calmement comme celui de quelqu'un sûr de son innocence. Je marchai dans la cave de long en large. Je croisai les bras sur ma poitrine et errai ça et là. La police était entièrement satisfaite et se préparait à partir. La joie dans mon coeur était trop forte pour être retenue. Je brûlai de dire ne serait-ce qu'un mot, comme pour triompher, et de les rassurer doublement sur mon innocence.
"Messieurs," dis-je enfin, tandis que le groupe montait les marches, "je suis heureux d'avoir apaisé vos doutes. Je vous souhaite à tous la santé, et une plus grande courtoisie. En guise d'au-revoir, messieurs, c'est une maison très bien construite." (Dans le désir rageur de dire quelque chose avec facilité, je savais à peine ce que je prononçais.) Ces murs, vous partez, messieurs? ces murs sont solidement bâtis"; et ici, dans la simple frénésie de la bravade, je frappai lourdement de la main sur la partie même du mur en briques derrière laquelle se tenait le cadavre de ma femme bien-aimée.
Mais puisse Dieu me protéger et me délivrer des griffes du Malin! A peine la réverbération des coups s'était-elle tue, qu'une voix me répondit de l'intérieur de la tombe! Par un cri, d'abord assourdi et brisé, comme les sanglots d'un enfant, et se changeant rapidement en un cri continu, totalement anormal et inhumain, un hurlement, un cri strident et gémissant, à moitié d'horreur et moitié de triomphe, comme il aurait pu sortir seulement de l'enfer, conjointement des gorges des damnés dans leur agonie et des démons qui exultent dans la damnation.
De mes pensées il est folie de penser. Me pâmant, je chancelai sur le mur opposé. Un instant le groupe resta immobile sur les marches, figé de terreur et d'effroi. Ensuite, une dizaine de bras robustes défoncaient le mur. Il tomba bodily. Le cadavre, déjà grandement décomposé et coagulé de sang, se tenait debout devant les yeux des spectateurs. Sur la tête, avec une grande bouche rouge et l'oeil solitaire du feu, était assise l'hideuse bête dont la ruse m'avait incité au meurtre, et dont la voix m'avait condamné. J'avais emmuré le monstre dans la tombe!
- Le Masque de la Mort Rouge. Nouvelle [en entier:
]
La Mort rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c’était le sang, — la rougeur et la hideur du sang. C’étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l’humanité, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L’invasion, le progrès, le résultat de la maladie, tout cela était l’affaire d’une demi-heure. Mais le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace. Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d’amis vigoureux et allègres de cœur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées. C’était un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d’un goût excentrique et cependant grandiose. Un mur épais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrés, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans. L’abbaye fut largement approvisionnée. Grâce à ces précautions, les courtisans pouvaient jeter le défi à la contagion. Le monde extérieur s’arrangerait comme il pourrait. En attendant, c’était folie de s’affliger ou de penser. Le prince avait pourvu à tous les moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité. Au dehors, la Mort rouge. Ce fut vers la fin du cinquième ou sixième mois de sa retraite, et pendant que le fléau sévissait au dehors avec le plus de rage, que le prince Prospero gratifia ses mille amis d’un bal masqué de la plus insolite magnificence. Tableau voluptueux que cette mascarade ! Mais d’abord laissez-moi vous décrire les salles où elle a eu lieu. Il y en avait sept, — une enfilade impériale. Dans beaucoup de palais, ces séries de salons forment de longues perspectives en ligne droite, quand les battants des portes sont rabattus sur les murs de chaque côté, de sorte que le regard s’enfonce jusqu’au bout sans obstacle. Ici, le cas était fort différent, comme on pouvait s’y attendre de la part du duc et de son goût très vif pour le bizarre. Les salles étaient si irrégulièrement disposées que l’œil n’en pouvait guère embrasser plus d’une à la fois. Au bout d’un espace de vingt à trente yards, il y avait un brusque détour, et à chaque coude un nouvel aspect. À droite et à gauche, au milieu de chaque mur, une haute et étroite fenêtre gothique donnait sur un corridor fermé qui suivait les sinuosités de l’appartement. Chaque fenêtre était faite de verres colorés en harmonie avec le ton dominant dans les décorations de la salle sur laquelle elle s’ouvrait. Celle qui occupait l’extrémité orientale, par exemple, était tendue de bleu, — et les fenêtres étaient d’un bleu profond. La seconde pièce était ornée et tendue de pourpre, et les carreaux étaient pourpres. La troisième, entièrement verte, et vertes les fenêtres. La quatrième, décorée d’orange, était éclairée par une fenêtre orangée, — la cinquième, blanche, — la sixième, violette. La septième salle était rigoureusement ensevelie de tentures de velours noir qui revêtaient tout le plafond et les murs, et retombaient en lourdes nappes sur un tapis de même étoffe et de même couleur. Mais, dans cette chambre seulement, la couleur des fenêtres ne correspondait pas à la décoration. Les carreaux étaient écarlates, — d’une couleur intense de sang. Or, dans aucune des sept salles, à travers les ornements d’or éparpillés à profusion çà et là ou suspendus aux lambris, on ne voyait de lampe ni de candélabre. Ni lampes ni bougies ; aucune lumière de cette sorte dans cette longue suite de pièces. Mais, dans les corridors qui leur servaient de ceinture, juste en face de chaque fenêtre, se dressait un énorme trépied, avec un brasier éclatant, qui projetait ses rayons à travers les carreaux de couleur et illuminait la salle d’une manière éblouissante. Ainsi se produisait une multitude d’aspects chatoyants et fantastiques. Mais, dans la chambre de l’ouest, la chambre noire, la lumière du brasier qui ruisselait sous les tentures noires à travers les carreaux sanglants était épouvantablement sinistre, et donnait aux physionomies des imprudents qui y entraient un aspect tellement étrange, que bien peu de danseurs se sentaient le courage de mettre les pieds dans son enceinte magique. C’était aussi dans cette salle que s’élevait, contre le mur de l’ouest, une gigantesque horloge d’ébène. Son pendule se balançait avec un tic-tac sourd, lourd, monotone ; et, quand l’aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l’heure allait sonner, il s’élevait des poumons d’airain de la machine un son clair, éclatant, profond et excessivement musical, mais d’une note si particulière et d’une énergie telle, que, d’heure en heure, les musiciens de l’orchestre étaient contraints d’interrompre un instant leurs accords pour écouter la musique de l’heure ; les valseurs alors cessaient forcément leurs évolutions ; un trouble momentané courait dans toute la joyeuse compagnie ; et, tant que vibrait le carillon, on remarquait que les plus fous devenaient pâles, et que les plus âgés et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une méditation ou une rêverie délirante. Mais, quand l’écho s’était tout à fait évanoui, une légère hilarité circulait par toute l’assemblée ; les musiciens s’entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la même émotion ; et puis, après la fuite des soixante minutes qui comprennent les trois mille six cents secondes de l’heure disparue, arrivait une nouvelle sonnerie de la fatale horloge, et c’étaient le même trouble, le même frisson, les mêmes rêveries. Mais, en dépit de tout cela, c’était une joyeuse et magnifique orgie. Le goût du duc était tout particulier. Il avait un œil sûr à l’endroit des couleurs et des effets. Il méprisait le décorum de la mode. Ses plans étaient téméraires et sauvages, et ses conceptions brillaient d’une splendeur barbare. Il y a des gens qui l’auraient jugé fou. Ses courtisans sentaient bien qu’il ne l’était pas. Mais il fallait l’entendre, le voir, le toucher, pour être sûr qu’il ne l’était pas. Il avait, à l’occasion de cette grande fête, présidé en grande partie à la décoration mobilière des sept salons, et c’était son goût personnel qui avait commandé le style des travestissements. À coup sûr, c’étaient des conceptions grotesques. C’était éblouissant, étincelant : il y avait du piquant et du fantastique, — beaucoup de ce qu’on a vu depuis dans Hernani. Il y avait des figures vraiment grotesques, absurdement équipées, incongrûment bâties ; des fantaisies monstrueuses comme la folie ; il y avait du beau, du licencieux, du bizarre en quantité, tant soit peu de terrible, et du dégoûtant à foison. Bref, c’était comme une multitude de rêves qui se pavanaient çà et là dans les sept salons. Et ces rêves se contorsionnaient en tout sens, prenant la couleur des chambres ; et l’on eût dit qu’ils exécutaient la musique avec leurs pieds, et que les airs étranges de l’orchestre étaient l’écho de leur pas. Et, de temps en temps, on entend sonner l’horloge d’ébène dans la salle de velours. Et alors, pour un moment, tout s’arrête, tout se tait, excepté la voix de l’horloge. Les rêves sont glacés, paralysés dans leurs postures. Mais les échos de la sonnerie s’évanouissent, — ils n’ont duré qu’un instant, — et à peine ont-ils fui, qu’une hilarité légère et mal contenue circule partout. Et la musique s’enfle de nouveau, et les rêves revivent, et ils se tordent çà et là plus joyeusement que jamais, reflétant la couleur des fenêtres à travers lesquelles ruisselle le rayonnement des trépieds. Mais dans la chambre qui est là-bas tout à l’ouest aucun masque n’ose maintenant s’aventurer ; car la nuit avance, et une lumière plus rouge afflue à travers les carreaux couleur de sang, et la noirceur des draperies funèbres est effrayante ; et à l’étourdi qui met le pied sur le tapis funèbre l’horloge d’ébène envoie un carillon plus lourd, plus solennellement énergique que celui qui frappe les oreilles des masques tourbillonnant dans l’insouciance lointaine des autres salles. Quant à ces pièces-là, elles fourmillent de monde, et le cœur de la vie y battait fiévreusement. Et la tête tourbillonnait toujours, lorsque s’éleva enfin le son de minuit de l’horloge. Alors, comme je l’ai dit, la musique s’arrêta ; le tournoiement des valseurs fut suspendu ; il se fit partout, comme naguère, une anxieuse immobilité. Mais le timbre de l’horloge avait cette fois douze coups à sonner ; aussi il se peut bien que plus de pensée se soit glissée dans les méditations de ceux qui pensaient parmi cette foule festoyante. Et ce fut peut-être aussi pour cela que plusieurs personnes parmi cette foule, avant que les derniers échos du dernier coup fussent noyés dans le silence, avaient eu le temps de s’apercevoir de la présence d’un masque qui jusque-là n’avait aucunement attiré l’attention. Et, la nouvelle de cette intrusion s’étant répandue en un chuchotement à la ronde, il s’éleva de toute l’assemblée un bourdonnement, un murmure significatif d’étonnement et de désapprobation, — puis, finalement, de terreur, d’horreur et de dégoût. Dans une réunion de fantômes telle que je l’ai décrite, il fallait sans doute une apparition bien extraordinaire pour causer une telle sensation. La licence carnavalesque de cette nuit était, il est vrai, à peu près illimitée ; mais le personnage en question avait dépassé l’extravagance d’un Hérode, et franchi les bornes — cependant complaisantes — du décorum imposé par le prince. Il y a dans les cœurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans émotion. Même chez les plus dépravés, chez ceux pour qui la vie et la mort sont également un jeu, il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas jouer. Toute l’assemblée parut alors sentir profondément le mauvais goût et l’inconvenance de la conduite et du costume de l’étranger. Le personnage était grand et décharné, et enveloppé d’un suaire de la tête aux pieds. Le masque qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d’un cadavre raidi, que l’analyse la plus minutieuse aurait difficilement découvert l’artifice. Et cependant, tous ces fous joyeux auraient peut-être supporté, sinon approuvé, cette laide plaisanterie. Mais le masque avait été jusqu’à adopter le type de la Mort rouge. Son vêtement était barbouillé de sang, — et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l’épouvantable écarlate. Quand les yeux du prince Prospero tombèrent sur cette figure de spectre, — qui, d’un mouvement lent, solennel, emphatique, comme pour mieux soutenir son rôle, se promenait çà et là à travers les danseurs, — on le vit d’abord convulsé par un violent frisson de terreur ou de dégoût ; mais une seconde après, son front s’empourpra de rage. « Qui ose, demanda-t-il, d’une voix enrouée, aux courtisans debout près de lui, qui ose nous insulter par cette ironie blasphématoire ? Emparez-vous de lui, et démasquez-le, que nous sachions qui nous aurons à pendre aux créneaux, au lever du soleil. » C’était dans la chambre de l’est ou chambre bleue, que se trouvait le prince Prospero, quand il prononça ces paroles. Elles retentirent fortement et clairement à travers les sept salons, — car le prince était un homme impétueux et robuste, et la musique s’était tue à un signe de sa main. C’était dans la chambre bleue que se tenait le prince, avec un groupe de pâles courtisans à ses côtés. D’abord, pendant qu’il parlait, il y eut parmi le groupe un léger mouvement en avant dans la direction de l’intrus, qui fut un instant presque à leur portée, et qui maintenant, d’un pas délibéré et majestueux, se rapprochait de plus en plus du prince. Mais, par suite d’une certaine terreur indéfinissable que l’audace insensée du masque avait inspirée à toute la société, il ne se trouva personne pour lui mettre la main dessus ; si bien que, ne trouvant aucun obstacle, il passa à deux pas de la personne du prince ; et, pendant que l’immense assemblée, comme obéissant à un seul mouvement, reculait du centre de la salle vers les murs, il continua sa route sans interruption, de ce même pas solennel et mesuré qui l’avait tout d’abord caractérisé, de la chambre bleue à la chambre pourpre, — de la chambre pourpre à la chambre verte, — de la verte à l’orange, — de celle-ci à la blanche, — et de celle-là à la violette, avant qu’on eût fait un mouvement décisif pour l’arrêter. Ce fut alors, toutefois, que le prince Prospero, exaspéré par la rage et la honte de sa lâcheté d’une minute, s’élança précipitamment à travers les six chambres, où nul ne le suivit ; car une terreur mortelle s’était emparée de tout le monde. Il brandissait un poignard nu, et s’était approché impétueusement à une distance de trois ou quatre pieds du fantôme qui battait en retraite, quand ce dernier, arrivé à l’extrémité de la salle de velours, se retourna brusquement et fit face à celui qui le poursuivait. Un cri aigu partit, — et le poignard glissa avec un éclair sur le tapis funèbre où le prince Prospero tombait mort une seconde après. Alors, invoquant le courage violent du désespoir, une foule de masques se précipita à la fois dans la chambre noire ; et, saisissant l’inconnu, qui se tenait, comme une grande statue, droit et immobile dans l’ombre de l’horloge d’ébène, ils se sentirent suffoqués par une terreur sans nom, en voyant que sous le linceul et le masque cadavéreux, qu’ils avaient empoigné avec une si violente énergie, ne logeait aucune forme palpable. On reconnut alors la présence de la Mort rouge. Elle était venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l’orgie inondées d’une rosée sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute. Et la vie de l’horloge d’ébène disparut avec celle du dernier de ces êtres joyeux. Et les flammes des trépieds expirèrent. Et les ténèbres, et la ruine, et la Mort rouge, établirent sur toutes choses leur empire illimité.
Voici deux des nouvelles d'Edgar Allan Poe qui m'ont particulièrement plu . Voici quelques titres d'autres des ces nouvelles : - La Chute de la maison Usher - William Wilson - Double Assassinat dans la rue Morgue - Le Puits et le Pendule - Le Scarabée d'or Les nouvelles de Poe ne sont pas des nouvelles très joyeuse, si vous voulez les lires, il faut pour cela être très accroché aussi bien des boyaux que de la tête. Pour tout ceux qui sont aptes à lire ce genre de chose, bonne lecture ;) |
|